La transplantation hépatique se fait aujourd’hui avec un foie congelé, prélevé quelques heures auparavant sur un donneur. Il doit être greffé dans les 12 heures suivant le prélèvement, sinon il devient inutilisable. De plus, la congélation peut l’endommager et faire échouer la greffe.
Depuis 15 ans, les professeurs Constantin Coussios et Peter Friend mettent au point une machine qui permettrait de maintenir le foie en vie plus longtemps et dans de meilleures conditions, après son prélèvement et avant sa transplantation. En février, grâce à cette machine, ils ont réussi à effectuer deux transplantations d’un foie « chaud ».
Retour sur une avancée qui pourrait améliorer prochainement la disponibilité des greffons et donc permettre un meilleur accès à la greffe.
Une machine permettant de maintenir le greffon dans de bonnes conditions physiologiques.
Une machine qui mime les fonctions corporelles nécessaires à la survie du foie.
Les professeurs Constantin Coussios et Peter Friend, du département de sciences chirurgicales de l’Université d’Oxford, travaillent depuis 1994 sur la machine en photo ci-dessus. Elle a été conçue pour créer un environnement imitant le corps autour du foie, fournissant de l’oxygène et des nutriments à des débits physiologiques et à une température égale à la température corporelle normale (37 °C).
Comme vous pouvez le constater sur le schéma ci-dessous, légendé en anglais et provenant du site de la société OrganOx, cette machine permet d’enrichir le sang provenant du foie en oxygène, mais aussi en héparine, insuline, sels biliaires, prostacyclines et nutriments, puis de le réinjecter dans le foie, qui va alors produire, comme dans le corps humain, de la bile… Les paramètres hémodynamiques, métaboliques et la production de bile sont surveillés en permanence par des capteurs (« sensors »), ce qui va donner au chirurgien des informations précises sur le fonctionnement et la viabilité de l’organe à 37 °C avant de le transplanter.
En pratique, il faut brancher le foie prélevé sur les tuyaux, et la machine fait le reste. Vous pouvez observer la manière dont ce branchement s’effectue sur la vidéo présente au début de cet article. « C’est impressionnant de voir un foie, tout d’abord gris et froid, s’empourprer une fois relié à notre machine et fonctionner comme il le ferait à l’intérieur du corps« , s’enthousiasme le professeur Constantin Coussios, l’un des inventeurs de cette machine (« empourprement » visible à la fin de la vidéo).
Première mondiale : deux foies transplantés après avoir été maintenus en vie à 37 °C hors du corps
Le Dr Wayel Jassem a greffé, en février 2013, deux foies qui avaient été maintenus en vie par la machine d’OrganOx. Ces deux interventions ont eu lieu à l’hôpital du King’s College de Londres.
Ian Christie, 62 ans, la première personne greffée, n’avait, selon les estimations de ses médecins, que 12 à 18 mois à vivre, en raison d’une cirrhose au stade terminal. Or, c’est à peu près le délai d’attente pour un foie dans ce pays, ce qui exposait donc ce patient à un risque de décès, pour peu que la disponibilité d’un greffon tarde. « L’attente était horrible« , se souvient Ian Christie. « Parfois j’oubliais l’attente de la greffe, mais alors j’apercevais mon sac dans un coin de ma chambre que j’avais préparé pour partir à l’hôpital en urgence… Vous attendez que le téléphone sonne, en vous demandant «Est-ce qu’ils vont enfin m’appeler ?« .
Et puis le téléphone a sonné et Ian Christie a pu être greffé avec un foie « chaud« , dont les fonctions avaient été vérifiées. De fait, plusieurs semaines après la transplantation, Mr Christie se « sent mieux que ce qu’il a vécu depuis 10-15 ans« , et « tellement vivant« .
Première mondiale : deux foies transplantés après avoir été maintenus en vie à 37 °C hors du corps
Le Dr Wayel Jassem a greffé, en février 2013, deux foies qui avaient été maintenus en vie par la machine d’OrganOx. Ces deux interventions ont eu lieu à l’hôpital du King’s College de Londres.
Ian Christie, 62 ans, la première personne greffée, n’avait, selon les estimations de ses médecins, que 12 à 18 mois à vivre, en raison d’une cirrhose au stade terminal. Or, c’est à peu près le délai d’attente pour un foie dans ce pays, ce qui exposait donc ce patient à un risque de décès, pour peu que la disponibilité d’un greffon tarde. « L’attente était horrible », se souvient Ian Christie. « Parfois j’oubliais l’attente de la greffe, mais alors j’apercevais mon sac dans un coin de ma chambre que j’avais préparé pour partir à l’hôpital en urgence… Vous attendez que le téléphone sonne, en vous demandant «Est-ce qu’ils vont enfin m’appeler ? ».
Et puis le téléphone a sonné et Ian Christie a pu être greffé avec un foie « chaud », dont les fonctions avaient été vérifiées. De fait, plusieurs semaines après la transplantation, Mr Christie se « sent mieux que ce qu’il a vécu depuis 10-15 ans », et « tellement vivant ».